Témoignage d'Israel: juifs de France ou Israéliens francophones nostalgiques ?

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Articles de Avraham Azoulay

ENTRE SOUVENIRS ET ESPOIR

En observant chaque matin les grands titres des infos qui défilent sur l'écran de mon ordinateur, j'ai du mal à y percevoir quelque lumière ou un peu d'optimisme.
Nous sommes tous arrivés dans ce pays avec l'espoir et la volonté de tourner la page sur des années de vie à la française, de faire peau neuve, tout recommencer, voire tout révolutionner... Nous étions des juifs de France, nous voilà devenus des francophones d'Israël. Le rythme et le climat ont changé, et notre perception aussi. Pourtant, au fil du temps, et malgré cette intégration qui s'accomplit encore chaque jour, le cordon ombilical reste très solide, et en fin de compte, nul n'a vraiment envie de le couper totalement.
Citons comme exemple le phénomène des chanteurs français que nous courrons applaudir en masse, comme le plus récent, Michel Fugain. Qui étaient ces 3000 personnes venues chanter la fête, dire bravo à Monsieur le Monde, et s'émouvoir d'une belle histoire ? Des juifs de France ou des Israéliens francophones nostalgiques ?

En fait ce sont les mêmes, qui le temps d'un concert se sont embarqués ensemble pour se laisser bercer par des mélodies d'autrefois. Quoi de plus envoutant que de se retrouver pour se souvenir et fredonner ces refrains d’avant ? Pause nécessaire dans la réalité stressée, musique qui apaise et évacue toutes les tensions accumulées. L'image est impressionnante : 3000 personnes aux parcours si variés, aux tendances si différentes, venant de toutes les villes d'Israël pour partager deux heures de plaisir, ce n'est pas rien ! Alors c’est vrai, j'ai envie de dire bravo monsieur Fugain de nous avoir permis ce voyage sympathique en chansons... Bravo aussi à ces Israéliens francophones qui ont l'initiative courageuse de ces paris risqués, souvent gagnés.

Cependant nos émotions sont mitigées, car quand on pense à Guilad Shalit toujours détenu au cœur de Gaza depuis plus de trois ans, ou à Ilan Halimi dont les meurtriers sanguinaires ont été jugés avec tant d'indulgence, notre cœur se serre et l’estomac se soulève.

Et Ici aussi, en Israël nous pensons tous à cette maman qui chaque jour doit revivre la torture de son enfant, séquestré, humilié et terrorisé par de jeunes barbares sans âme. Là encore, nous voilà projetés dans ce même passé, attachés à la fois à nos frères encore là-bas et soulagés d'être enfin ici. Solidarité partagée de notre histoire de juifs. Ce cordon, personne ne peut l'oublier ou le rompre, même si chacun a choisi un destin totalement différent, ici ou ailleurs.

Heureusement l'été apporte avec lui ses parfums de nouveauté, et oui, ils arrivent en nombre, eux aussi prêts à entamer une nouvelle histoire... Et comme dirait notre animateur local de choc, Charles Benguigui, je vous demande de les accueillir chaleureusement et les applaudir bien fort : voici les nouveaux olim de France qui débarquent d’avions spécialement affrétés par l'association Ami, Ami qui nous donne d'ores et déjà rendez-vous au Kotel le 22 juillet ... Décidemment, nous naviguons entre souvenirs et espoir . 

Avraham Azoulay