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21 May

Justice, sexe, USA, la France et les journalistes - par Bernard Darmon

Publié par David  - Catégories :  #PETIT BILLET

 

Justice, sexe, USA, la France et les journalistes 


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A Paris

Sur la base du témoignage d’une femme qui dit avoir été agressée, un Homme est arrêté par la Police française. Cet Homme est connu, très connu. C’est un Homme politique de tout premier plan.

Dans la grande majorité des cas, le policier français appelle son chef :

« Je viens de serrer un gros poisson, que dois-je faire ? »

Le chef du policier appelle son chef qui appelle son chef qui appelle le ministre de l’intérieur. L’Homme public est relâché et la femme gentiment invitée à revoir sa copie, ainsi qu’à s’habiller avec décence pour éviter ce genre d’incident. Le policier raccompagne le personnage public chez lui. Dans la voiture de police ils parlent « gonzesses »,  blagues graveleuses et gros rires gras. A la prochaine élection, le flic votera pour ce mec là parce qu’il est sympa.

La femme qui se dit victime va voir un journaliste et raconte son histoire. Le journaliste décide de ne pas en parler.

Rien de comique dans ce tableau qu’on a peu de mal à imaginer.  On ne saura jamais la réalité des faits. Si l’agresseur présumé avait été inconnu, il aurait été placé en garde à vue et traduit devant un juge.

 

Dans certains cas, on pourrait imaginer « difficilement » une variante au scenario. Le policier intègre maintient le Haut personnage en détention et traduit l’Homme devant le juge qui le met en examen. L’Homme influent fait jouer ses appuis  et l’affaire n’aura aucune suite. Un journaliste prévenu par un greffier de l’incident impliquant cet homme politique connu décidera de taire cette affaire. Il appellera malgré tout l’Homme public pour obtenir une interview exclusive qui fera de lui un journaliste moins anonyme.

On ne saura jamais la réalité des faits. La femme fut-elle agressée ? Qui s’en préoccupe ?

La justice ne sera pas rendue dans cette démocratie où le gueux et le puissant ne sont pas égaux devant la Loi.  Omerta des journaleux pourtant informés sur les éventuelles déviances de cet Homme puissant qui a peut-être dépassé les limites, mais qui bénéficie d’un traitement adapté à sa notoriété.

Circulez bonnes gens, collusion entre les puissants et ceux qui vivent grâce à eux.

A New York

Sur la base du témoignage d’une femme qui dit avoir été agressée, un Homme est arrêté par la Police américaine. Cet Homme est connu, très connu. C’est un Homme politique de renommée mondiale.

Le policier américain ne fait aucun cas de la personnalité du prévenu. Malgré les menaces de l’Homme puissant qui se croit en France, le policier l’embarque au commissariat, il l’interroge  sans ménagement et le traduit devant un juge. Il appelle ses copains journalistes pour leur parler du gros poisson français qu’il a péché. Il fait une copie du témoignage de la prétendue victime, donne des détails sur l’interrogatoire et aura en échange de l’info un beau cadeau pour Noël.

Les journalistes débarquent en force,  armés de caméras et micros. Le témoignage à charge est détaillé sur les antennes et dans les journaux. Mais ça ne suffit pas, ces français donneurs de leçons, ils en rajoutent. C’est le scoop de l’année. Les télévisions du monde entier rejoignent les premiers journalistes et constatent avec  un effroi  de bon aloi que cet Homme était hier encore tout puissant. Comment a-t-il pu tomber si bas ?

Les journalistes se succèdent en direct pour colporter sans répit toutes les rumeurs qui circulent. Et si ce n’est pas vrai, on verra bien plus tard. En studio, des amis de l’inculpé viennent expliquer combien leur ami est un mec bien. Des spécialistes du Droit américain se succèdent pour définir le calendrier et pour justifier les images jetées en pâture au monde entier de cet homme adulé hier et menotté aujourd’hui  avant même d’être jugé.  Au nom du Droit à l’information, on provoque un lynchage planétaire alors que l’Homme risque « seulement » de la Prison.

Quelques féministes invertébrées prendront fait et cause pour la victime présumée dont nous ne savons pas si sa version des faits est vraie, mais ce n’est pas grave, l’essentiel est de taper sur l’icône machiste, et peu importe s’il est coupable, et peu importe si contrairement à un accusé moins connu, son honneur est ainsi sali avant tout jugement, avant toute contradiction possible.

De ce côté de l’Atlantique, on aura un vrai procès avec des chances sérieuses de connaître la vérité. Contrairement à l’inconnu, le puissant aura droit à une humiliation mondialement retransmise.  Si par malheur l’Homme n’était pas coupable, on l’aura assassiné sur l’autel de la médiatisation. On aura bousillé sa femme, ses enfants et  tous ses proches.

Dégât collatéral d’une démocratie qui se dit civilisée.

Avant le procès, avant le verdict, avant les éventuels recours, les journaleux de chaque camp se vantent de plus d’éthique et de plus de justice. Peu importe la vérité, peu importe la détresse de la victime, dans les deux cas le téléspectateur assiste passif au spectacle pathétique d’une parodie tragique de Justice.

Bernard Darmon

Lire l'article original : http://bernarddarmon.unblog.fr/2011/05/18/la-justice-le-sexe-les-usa-la-france-et-les-journalistes/

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